DEFI n°108 "A vos fenêtres" pour les Croqueurs de Mots
Fenêtres sur cour...
Je me souviens avec émotion de mes jeunes années qui me faisaient passer quelques jours de vacances chez ma grande tante habitant la capitale !
Paris... que de choses nouvelles à voir, à découvrir pour la petite paysanne que j’étais !
Que de changements et de comparaisons !
Venant de ma campagne champenoise, où de la fenêtre de la cuisine de mes parents, située au premier étage, je ne voyais que la verdure des grands peupliers dans lesquels les corbeaux faisaient leur nids et croassaient si fort le soir en apportant la nourriture à leurs petits..
Volant autour des grands arbres, agités par le vent, leurs croassements lugubres me terrifiaient cela annonçait souvent l’orage.
La fenêtre de la cuisine de l’immeuble où ma tante habitait était extraordinaire… j’adorais m’y pencher !
La cour carrée, réunissant plusieurs immeubles de la rue Fourcroy, me semblait être une grande cheminée...
Le soleil n’y arrivait jamais, les fleurs devenaient bien chétives.
On voyait les fenêtres donnant sur cour de tous les étages, toutes les mêmes mais tellement différentes.
Les montées d’escaliers le soir restaient illuminées.... j'étais hypnotisée!
Je tentais de m’imaginer qui pouvait bien vivre derrière ces carreaux ?
y avait-il des enfants comme moi ?
On entendait résonner des voix dans la cour, parfois j’aurais bien aimé me joindre à eux.
Ce qui m’enchantait, c’était d’entendre les appels des uns et des autres. Celle du vitrier, du rémouleur... Mais lorsque les petits chanteurs des rues venaient dans la cour, pour lancer leur voix qui faisait eccho et résonnait si fort, chantant les nouvelles chansons, c’était un régal !
Accompagnées souvent d’un orgue de barbarie... comme Edith Piaf avait pu le fait dans sa prime jeunesse.
Et je rêvais !
C’était peut-être elle ?
Quelques fois un violon faisait monter ses sanglots jusqu’au plus haut des cieux.. ..
Alors, les fenêtres s’ouvraient et les habitants lançaient quelques menues monnaies, les billets trop légers auraient pu s’envoler !
Cela devait être dans les années 1937/1939..
J’avais dix ans !!