Il faisait beau ce jour là !
24 Aout I944....
L'air était doux, nous revenions de la sablière nous baigner mon amie Christiane et moi, .. en rentrant nous avons lu les affiches encadrées de noir, placardées sur le mur..
"Au moindre fait de résistance le village sera mis a feu et a sang..Nous savons qu'il y a des terroristes parmi vous....etc "
L'atmosphère était lourde.. et pourtant tout était si calme..
Ma mère a dit à mon amie Christiane.. rentre vite chez toi.....
Sans avoir gouté elle est partie rapidement.
C'est à Vingt heures que tout à commencé.. Le couvre-feu était sonné.. Personne ne devait se trouver dans les rues.. Au loin nous avons entendu des coups de feu. Étant loin du centre du village nous ne comprenions pas et ne pouvions imaginer ce qui se passait.
. La nuit fut longue. Le ciel embrasé nous a fait comprendre que le silence nous apporterait le chagrin a l'aube..
A six heures du matin, nous avons entendu la carriole et le trot du cheval de Monsieur Collier..le fermier de la ferme du "Moulin Bizet" Mon père lui a demandé ce qu'il savait.
Effaré, et en peu de mot il nous a donné l'ampleur du désastre..
Quelques hommes jouaient encore aux cartes au Restaurant de la Providence.. alors qu'ils auraient dû être chez eux...il était passé 20 heures.. D'un seul coup la porte fut ouverte l'injonction de lever tous les bras en l'air fut ordonné.
Manu militari, à coup de crosse et de bottes ont tous été menés a l'entrée du Parc au Daims. Monsieur Collier a eu la chance de pouvoir se cacher au moment de cette rafle ..
Au fur et a mesure que ce triste cortège passait devant les portes des habitations elles furent ouvertes à coup de crosses, c'est ainsi qu'il ont pris des otages le long du parcours, des personnes âgées...
Très vite ils ont été fusillés, tombant les uns sur les autres. Un jeune homme peu blessé, tombé le premier a passé la nuit sans bouger sous le poids de ces hommes sans vie.
Des femmes et des enfants ont passés la nuit à genoux, devant les pauvres fusillés.
Au matin, le désastre fut grand 17 hommes n'étaient plus.
Léon le boucher, Pierre le propriétaire de la Providence, plusieurs de leurs amis, le Dédé qui était charpentier qui tenait son petit dans les bras.. il n'a eu que le temps de le donner à sa femme la Nénette, le fils de la Louise, un gendarme, un garde forestier et son chef,..Monsieur Morin huissier,, deux grands pères Monsieur Millère et le père de l'épicier de "La Ruche Moderne"..
Je les revois ils étaient I7.. mon cœur est lourd.
Le lendemain, les maisons brulaient encore..
Nous étions atterrés devant l'ampleur de tant de misères..d'énormes chagrins..
Oradour sur Glane brûlait aussi ce même jour.. l'ampleur du désastre était plus importante, Femmes et enfants n'ont pas été épargnés et ont été brulés dans l'église...
Il y a 74 ans...Nous avons dit " Plus jamais cela..."
Et ...tout recommence ...
Nos chaines de télé ne font que de nous projeter de semblable situations. Nous sommes impuissants devant ces désastres, ces perpétuelles querelles de possession, de haine de l'autre. Nous ne pouvons porter toute la misère du monde... mais nous ne pouvons nous habituer.. ni accepter...ce que nos semblables ont à souffrir.
Jeanne
24 Aout 2018
18 heures.