DEFI N° 160 Entretien avec Hubert Haddad
Pour les Croqueurs de Mots et le défi n°160
c'est Lénaïg qui tient la barre sous le haut comité de l'Amiral Domî
Je suis secrétaire au journal l’Est Républicain.
Dernièrement le directeur m’a appelé dans son bureau pour me charger d’une mission qui normalement n’incombe pas à la secrétaire.
Un écrivain très connu, était attendu dans notre cité.
Interviewer les personnalités est le rôle d’un journaliste affirmé, mais connaissant mes choix de lectures et ma grande admiration pour cet écrivain, mon patron a voulu me donner une chance.
Anxieuse et fébrile je dois me lancer.. Préparer mes questions, prendre rendez vous et aller interviewer Hubert Haddad.
Un article de Claire Julliard paru dernièrement dans le Nouvel Obs, lors de la présentation de son roman MÄ, très élogieux, m’impressionnait.. Saurais-je moi aussi ?
- Bonjour Monsieur Haddad.
- Envoyée par le Journal local, mon nom est Jeanne, j’ai mission de vous présenter, de faire connaître à nos lecteurs vos nombreuses facettes et surtout de parler de vos livres à la gloire de la culture Japonaise... des Haïkus
- J’ai eu le grand plaisir de participer à vos Ateliers d’écritures organisés par la ville, il y a quelques années, vous étiez notre maître. Ce fut un très grand bonheur.
- Vous avez écrit il y a quelque temps déjà un livre que j’ai beaucoup aimé : « La double conversion d’Al-Mostancir ». Roman merveilleux et interrogateur qui se passe à Tunis. Vous êtes né dans cette ville je crois savoir, d’où les précisions données dans ce roman , plongeant le lecteur dans les moindres dédales des lieux où se passe le roman.
- Mais, Monsieur Haddad, lors de vos romans si prenants, se passant au Japon, parlant de Maîtres anciens, comment pouvez vous nous emporter sur les chemins célestes d’un Japon profond des siècles anciens, parlant de la vie, des sentiments de poètes comme le grand Bashô. D'où vous vient cet amour pour le Japon ?
- Comment pouvez vous, nous apporter l’atmosphère si prenant de ces instants où naissent les Haïkus, et la vie simple d’un vagabond céleste.
-Je vous cite:
« Sans prendre la peine de les noter, Santoka laissait s’évanouir en lui mille haïkus à peine nés »
- « Il ignore la ligne droite celui que personne n’attend ! »
- « Hormis l’or du rien, il avait brûlé l’essentiel de ses possessions avant d’embarquer pour Shikuko et c’était bien peu de choses.
Toute richesse n’est que rosée sous le vent… »
- Et je vous cite encore : « sa vie n’avait pas plus de valeur qu’une aigrette de pissenlit déplumée au souffle d’automne »
- et puis cette phrase : »Traiter l’étranger en créature inférieure avait-il un sens ?
- Vous nous emmenez , cher Monsieur Haddad : « dans un lyrisme contenu semé de haïkus, petits cailloux lumineux sur le chemin du héros, ce récit aux accents mythiques est une ode à la beauté du monde dont le flâneur inspiré découvre les jardins inviolés. » dit Claire Julliard
- Avez-vous vécu au Japon, pour connaître si bien les chemins suivis par les pèlerins depuis la nuit des temps.. pour aimer ces petits bijoux que sont les Haïkus ?
- Je sais, Monsieur Haddad que vous n’êtes pas bavard, que c’est à nous de trouver ce que nous aimerions savoir.
Claire Julliard dans son article nous dit : Comment se fait-il qu’Hubert Haddad, un de nos écrivains les plus singuliers, les plus profonds, les plus prolifiques n’ait jamais obtenu de grand prix littéraire ? Trop réservé peut-être, pas assez tapageur.. »
- Ce qui expliquerait cela !
- Je vous remercie beaucoup pour ces instants partagés,
Je souhaite être souvent entraînée dans vos lignes sur tous vos chemins que j’adore. Merci.
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