Un souvenir remonte à ma mémoire....Émigrée!
Moi aussi je fus émigrante !
J'avais 11 ans.. des hordes d'évacués passaient devant chez moi
Un peuple ennemi était à nos portes
Nous étions en Juin 1940
Ils venaient de Belgique, du Luxembourg.. de la Meuse.. de la Moselle !
Tous fuyaient avec peine l'envahisseur!
Ils avaient quittés leurs hôme, leurs biens
et partaient sur les routes de France
avec leurs maigres bagages..
dans une misère et une détresse absolue.
Devant ma porte, nous les regardions passer,
Ma mère, leur donnant selon leurs besoins!
C'était pitoyable..
Puis un jour un officier Français dit à ma mère
vous devez partir vous aussi
Vous avez une fille, les envahisseurs sont terribles
Ils coupent les mains aux enfants
Ils brûlent.. les maisons...ils pillent..
Nous sommes donc partis nous aussi
Avec des amis.. la voiture était pleine à craquer !
Droit devant nous.. sans adresse!
Nous avons roulé.. roulé .
.A 20 à l'heure sur des routes où le peuple se déversait pour fuir
de jour et de nuit
sans phares pour ne pas être détectés par la DCA
Puis un matin, la voiture s'est arrêtée
dans un chemin de nulle part ne sachant pas où nous étions
Ma mère à franchi la jolie barrière blanche
les propriétaires réveillés
Se sont levés... il était l'heure de la traite pour les animaux!
Nous étions dans une petite et jolie ferme à 4 kilomètres d'Ussel
Ils ont mis des lits d'appoints dans leurs chambres pour nous allonger
Nous ont préparés un déjeuner.. et ont dit
lorsqu'il fera jour nous nous organiserons mieux !
Ils hébergeaient déjà 20 personnes venues du nord, dans un espace restreint
La ferme n'était pourtant pas grande.. mais leur cœur était immense
Nous sommes restés dans cette famille pendant deux mois
Je n'oublierai jamais leur formidable hospitalité.
Je suis retournée quelques fois les saluer
Leur adresse.. je m'en souviendrai toujours
Monsieur et Madame Daloubeix
Saint Fréjoux par Ussel Corrèze
Quels braves gens.. pas de barrière ni de barbelés chez eux..
Ils ne savaient pas qui nous étions, d'où nous venions
Ils ne nous ont pas demandés nos papiers..
Ni, si nous pouvions payer
Nous sommes restés deux mois sans pouvoir revenir
Nous ont ils demandés de l'argent au moment de partir.. NON
La nécessité, notre nécessité, leur a fait ouvrir leur cœur et leur maison.
Pourquoi l'ensemble des Etats Européens devant l'urgence
... ne pourraient-ils pas s'organiser
Pour ouvrir à tous ces migrants un endroit de sécurité.
Il y a Urgence.. nous ne pouvons pas être indifférents