SOUVENIRS ...15 NOVEMBRE 1918 "entrée en Allemagne"
Dans un petit carnet trouvé dans une boite à souvenirs,
Soudé à un
Portefeuille de plus de cent ans d'âge,
au cuir usé et taché d'avoir reçu rafales d'eau et de boue
Cachant précieusement un trèfle à quatre feuilles
une image de la vierge...
Avec émotion
je viens de recopier les mots de mon père
Il n'avait que 22 ans !
Ma vie pendant la guerre
1914 - 1918
Henri PARISEL Caporal 155 d'Infanterie
IO° compagnie Secteur 206
Classe 1916
Matricule: 7861
Recrutement de: CHALONS SUR MARNE
Mobilisé le 11Avril 1915
Au 164 régiment Infanterie 31° compagnie
Profession civile ; Ferronnier en carrosserie
Domicile Civil : EPERNAY Marne
Adresse à qui écrire en cas d'accident:
Monsieur PARISEL
49 rue de l'Abattoir EPERNAY Marne
Citation à l'ordre du Régiment
Le : 6 Août 1918
Décoré de : La Croix de Guerre.
Mon séjour et passage en Lorraine et Allemagne
Armistice ! Nous sommes heureux.
Je rentre de perm. Arrivé à la Compagnie le 15, je retrouve les copains entre autre HAUSER, bon accueil .
Le 16, le bruit court que le lendemain nous partons pour occuper !
Le 17 Novembre en effet 2 heures du matin, réveil en fantaisie, sac au dos, nous partons il est 4 heures. A 6 heures nous passons les lignes, légère émotion, craignons les mines. Passons un premier village Lorrain.. bien démoli ! Deuxième village démoli.. on trouve un seul Lorrain.. sommes content.. lui aussi. Nous ne craignons plus les mines, nous marchons toujours et commençons à être fatigués. Nous rentrons dans le premier village habité, Mimile en met un coup (?)
Les "civilos" nous jette des fleurs, ils sont heureux, nous aussi. Nous ne cantonnons pas encore ici ! Voyez fatigue. 5 Kilomètres de tirés, le premier bataillon nous quitte, ainsi que le deuxième. Ils sont arrivés et nous pas encore! Encore 4 Kilomètres et nous y sommes. Bien fatigués, les habitants sous embrasse, nous paie a boire.. pas de pinard, il n'en ont pas! Nous nous apercevons qu'ils manquent de tout, je donne une boule de pain et du chocolat à un gosse, il en est fou.
15 Novembre: On repart 10 Kilomètres à faire, tant mieux ! Le bataillon passe une revue de..(Caron?), moi je pars avec Julot faire le cantonnement nous sommes une dizaine et les premiers Français qui passons là... arrive à Wittancourt, une nuée de gosses court après nous.
Nous faisons le logement, chaque maison nous paie la gnolle, y a du bon!
Cherche un lit, en trouve un, couche avec Hauser, mange chez l'habitant,
Choucroute, on leur paie du pinard, très heureux, coopératif, prend du savon (?) pinard bouché pour les vieux.
Reste 5 jours.. on se la coule douce !
23 Novembre En route! 25 kilomètres. Partout bien reçus, quand même fatigué. Arrive à Longueville, pavoisé, retraite aux flambeaux, bal.
Y a du bon! Bière, gnolle à l'oeil. Couche dans le foin pour une nuit, bien dormi
24 Novembre Sac au dos : 20 Kilomètres à pieds.. On en a assez! Nous passons à Saint Avold, ville assez grosse, pavoisée! Le 154 passe devant nous. Entrons en Prusse Rhénane, usine en masse, les patelins se touchent ! Nous marchons au pas cadencé et sommes fatigués. Les Boches nous regardent d'un sale œil. Nous arrivons à Wolklingen 25 mille habitants, nous défilons devant "Caron". Cantonnement usine, pas mal.. voyez punaises. Nous restons 3 Jours, nous sommes bien avec les civils.. nous buvons sans payer.. 12 sous pour 1 Mark.. Y a bon ..mais pas de tabac!
C'est la mouïse! Garde en masse les boches.
Ils coupent les harnais, volent les boules de pain, les mitrailleuses..
Y a pas bon!
Nous mangeons des biscuits.. le ravitaillement n'arrive pas, on la pette, rien en ville. Les soldats Boche veulent se rendre.. en a de trop, cavalerie, auto canon, le premier Bataillon part pour les chasser, avons peur ! Gare à la casse.. non?.. les Boches ont peur ..
1er Décembre 6 heures en route 30 Kilomètres... arrivons de nuit, assez grand village.. bonne bière... trouve 6 plumards appel les copains heureux avec Hauser.. mange chez un vieux .. comprends rien ! mange choucroute, saucisse, boit du jus d'orge.. y a pas bon, désert, vin du Rhin...fameux ! Fatigué partons couché.. il n'y a qu'un drap de lit ! Hauser appel la bonne femme.. c'est la mode ! Nous on rigole et on dort bien.
2 Décembre: Nous voilà partis, mal au genoux.. ça va mal, arrive à Dorrenback près de Saint Wendel nous sommes morts de fatigue, mais on rigole quand même.. Les habitants ont peur.. nous logeons dans une épicerie, Hauser trouve un lit, toute la section monte dans les chambre.. voyez le chambard ! range les meubles dans un coin, monte de la paille du charbon, nous faisons du feu ! Le proprio couche par terre dans la cuisine... Bien fait pour eux !
Le lendemain: visite, évacué, prend auto le 4, arrive à Sarrebruck, caserne des Dragon, couche dans des draps de papier.. ça gratte la peau! Je change d'hopital, vais au Lazaret infirmières boches....
Je voudrais bien revoir la France
Le 8, part avec train sanitaire 12 heures pour aller à Metz, passe à Pont à Mousson, Nancy, Epinal, Dijon Moulin et Clermont.. je suis content!
Arrive le 12 au soir .