HOMMAGE à Monsieur Stéphane HESSEL
Hier à la librairie un livre:
Tous comptes faits... ou presque
m'a fait un clin d'oeil..
... ce matin le monde est en deuil
Monsieur Stéphane Hessel
en Immortel
a fait une révérence
et quitté la scéance
Nous perdons un père
Un guide
Un homme dont nous saluons
L'immense sagesse.
Hier soir, j'ai ouvert une page au hasard.. page 198/199
En cette veillée, dans une sorte d'hommage, je souhaite la partager avec vous.
" RETOUR A LA TERRE
..... En forme d'envoi, j'aimerais revenir brièvement sur l'échange que j'ai eu avec Jean-Claude Carrière. Nous discutions à bâtons rompus de la sagesse orientale, le rapport entre la vision chinoise du yin et du yang et la vision grecque de l'équilibre entre les divinités, avec comme seul élément fixe la destinée et notre curiosité enthousiaste. C'est l'expérience partagée de l'idée que le monde est absolument et irréductiblement multiple. En ce sens, rappelle-t-il, les traditions chinoises et indiennes nous parlent aujourd'hui de plus près. L'idée que, par exemple en Inde, la création et la destruction sont intimement liées, qu'il ne peut pas y avoir création sans destruction, qu'il ne peut pas y avoir Brahmâ sans Shiva. Mais il ne peut pas y avoir de destruction sans récréation. C'est à dire qu'il ne peut pas y avoir Shiva sans Vishnou, qui fait tous ses efforts pour maintenir le monde tel qu'il est - efforts qui sont vains, nous le savons tous, car le monde va pour se détruire - mais qui réapparaîtra sous une autre forme.....
Cette multitude de forces complexes, apparemment contradictoires, est fascinante. Et très riche d'enseignement pour la marche politique, économique, culturelle du monde contemporain. Permanence du mouvement en quelque sorte. Comme l'a dit Samuel Beckett, "l'essentiel, c'est de n'arriver nulle part", ce qu'un texte soufi dit d'ailleurs d'une autre façon: "Dès qu'une chose t'arrête, elle devient une idole". Intellectuellement, politiquement, artistiquement, c'est cette idée de ne jamais s'arrêter sur une certitude. De tout, constamment, remettre en question, y compris ce qu'on croit être le plus exact, le plus juste en nous. Car l'illusion d'avoir trouvé la vérité, au mieux nous fixe là où nous sommes, au pire nous conduit à vouloir l'imposer aux autres. C'est cette idée d'un flux perpétuel que nous sommes, d'une forme emportée vers la mort qui nous aspire tous; mais d'autres formes suivront, auxquelles nous aurons donné naissance inévitablement."
Pour ce moment de lecture: Merci Monsieur Hessel