DEFI N°93 "REPAS DE NOEL"
Défi N°93
"Les Ages de la Vie"
Lancé par Jeanne Fadosi pour les Croqueurs de Mots
La carte de Caroline m’invitant pour fêter Noel en famille m’a fait sourire… et un peu agacé !
Il y a si longtemps que je n’ai eue de contact avec cette famille.. Après avoir vécu de longues années aux antipodes, j’ai décidé de venir pour un temps dans la région où je pensais avoir des racines mais où tout m’est devenu étranger… Je vis en reclus depuis mon retour, sortant peu, n’ayant plus d’attaches, les ponts famille et amis ayant été coupés depuis si longtemps. Je croyais revenir dans ce pays d’enfance incognito.
Cette petite Caroline je m’en souviens très bien, une petite fille un peu ingrate.. Trop grande dans ses vêtements étriqués, aux cheveux blonds tressés. Fille du mari de la jeune sœur de ma mère.. Elle devait avoir une quinzaine d’année.. Très garçon manqué je me souviens !
Quel âge peut-elle avoir maintenant ? Pourquoi invite t- elle ce vieux bougon que je suis devenu.
Par curiosité et aussi avec la réflexion du « Pourquoi pas renouer avec cette partie de ma famille.. » Je lui ai envoyé un mot simple en disant : Je serai là
- « J’y serai.. mais sans frais.. comme je suis ! Moi le baroudeur, le solitaire, je ne veux pas avoir à changer mes habitudes pour un repas avec cette gamine intrépide dont le bout du nez était et doit toujours être recouvert de taches de rousseurs »
- Quel âge peut-elle avoir ?? Il y a trente ans que je suis parti… mon dieu elle doit avoir quarante cinq ans… Je l’a vois d’ici ! une bande de marmots autour d’elle, un mari rustaud...
t travaillant à la ferme que ses parents ont dû lui laisser en héritage..
- De quoi allons-nous pouvoir parler.. je me vois mal.. je n’aurais pas dû accepter !
Mon vieux chapeau rivé sur la tête aux cheveux longs et grisonnants, les bras encombrés d’une composition de fleurs, d’une bouteille de Perrier-Jouët, je sonne à la porte à l’heure dite.
Une dame mince, très élégante aux cheveux blancs vient m’ouvrir… je remarque des tâches de rousseurs sur le nez….
(Non ! ce ne peut être Caroline.. La petite effrontée ? Elle semble être aussi vieille que je le suis)
- Oh ! Alain… Quel bonheur de se revoir, c’est gentil d’avoir accepté cette invitation.. Depuis ton retour j’espérais toujours recevoir ta visite mais …
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(Comme il a changé ! il n’a cependant pas perdu charme.. et élégance malgré les années et les apparences de vouloir être un ours bourru)
- Je ne peux croire chère Caro que c’est toi.. la petite sauvageonne que j’ai connue. Qu’as-tu fais dans la vie.
- Je suis ingénieure en agro-alimentaire, je travaille dans la ville voisine, mon mari travaille à la ferme
(Quelle transformation.. jamais je ne l’aurais reconnue dans la rue ! Il est vrai que je ne la regardais pas.. cependant comme une abeille toujours autour de moi, elle ne me lâchait pas, à me questionner sur ma vie mes projets.. Me demandant quand je serais de retour…)
Entre je t’en prie, je vais te présenter à mon mari.
(Comme je le trouve beau malgré les marques de la vie rude qu’il a dû mener, je me souviens être amoureuse de lui.. j’aurais tant aimé qu’il me regarde.. Je faisais tout pour me faire remarquer et lui ne voyait que l’ado ridicule que je devais être !)
La maison est accueillante
(Ah.! cela va être la surprise comment il doit être le mari de cette jolie personne.. quelle conversation allons nous avoir)
Et là je rencontre un homme qui ne va pas du tout avec la jolie maitresse de maison…Le regard vide et lointain, il ne semble pas apprécier ma visite.
La table est jolie, bien décorée pour le repas de Noel. Deux enfants sont autour du sapin près de la cheminée. Le mari ne dit rien.. Il est là
(Mon dieu comment fait-elle pour s’accommoder avec cet homme. Quelle jolie personne cette petite Caro, avec ses petites tâches de rousseur encore présentes)
Je t’en prie Alain prends place à la table du festin de Noel !
(Comme je l’aurais aimé.. s’il avait pu attendre un peu…)
Nous sommes là chacun dans nos pensées profondes, nous ne voyons plus rien autour de nous…
Trente ans nous séparent..
Nous sommes muets et pourtant nous pourrions avoir tant de choses à nous dire.
Instant cruel s’il en fut une gêne atroce me gagne et n’ai qu’une hâte celle de fuir à l’instant même !
Aurevoir ..
Peut-être nous reverrons nous..
Je dois partir prochainement tu sais Caro..
La vie ne nous appartient pas toujours !
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