De quelle couleur étaient ses yeux ?
Parler du bleu sans se mot dans le texte ?
Nous nous étions donné rendez-vous sur le petit chemin qui longe la côte... Cette belle côte si bien nommée !
Quelques bâteaux étaient amarrés. Il mit sa veste "Denimes" sur le sable nous nous sommes assis.
J'avais 18 ans, venant de l'est de la France, je connaissais mal cette région qui m'éblouissait à chaque tournant. J'étais venue passer quelques jours de vacances à Hyères les Palmiers, chez une amie de ma mère. Amie très rigoriste et précieuse qui ne convenait pas à mon tempérament de fille sauvage. Les reflets d'or du soleil brûlant dansaient au loin sur les îles du même nom, pour se confondre avec le ciel de la mer d'huile touchant l'infini pour me donner la dimension de l'immensité.
Le grand garçon qui était auprès de moi venait du Nord, de ce Nord d'où les vikings ont la couleur des yeux délavés et usés à force de regarder au loin. Avec ses cheveux blonds, il me plaisait, nous recherchions nos similitudes, je le retrouvais en cachette. Emue d'être près de lui, de me noyer dans son regard me faisait défaillir ! J'aimais en rechercher la teinte exacte... Selon les nuages qui passaient dans le ciel, ils n'étaient ni gris, ni vert. Je regardais encore et encore recherchant sur la palette du peintre de quel mélange ils étaient faits. Il me disait nous sommes semblables nos yeux reflètent cette couleur que tu recherches en moi. Sensation étrange de pouvoir plonger jusqu'au fond de l'âme.
Ce temps est si loin, pourtant je ressens encore ces vibrations de bonheur qui me transportaient vers un univers inconnu ou tout serait de la même teinte... Non pas ce celle qu'Edith chantait si bien "La vie en rose" mais de cette teinte dont les mamans habillent les petits garçons ! Je me voyais déjà tenant un poupon dans les bras.
Ce temps est loin, très loin, nous ne nous sommes jamais revus. Mes yeux n'ont pas changés de teinte, mes cheveux ont blanchis ce qui fair ressortir ce regard au ton indéfinissable.