PROMENADE DANS LE TEMPS
PROMENADE DANS LE TEMPS
Je me souviens des dimanches d'antan,
c'était tellement différent!
Après le copieux repas fait d'un pâté en croûte fumant,
Chapeauté de sa collerette de papier,
De faisandeaux au jus, de farcis brûlants,
De crème renversée et de brioches !
La famille endimanchée partait bras dessus bras dessous
Visiter le Parc du Château.
Les enfants étaient devant,
Henri avec son cerf-volant,
Marguerite courait derrière,
Le cerceau au bout de son bâton.
Alice et Jeanne grandes demoiselles
Pouffaient de rire sans raisons
Lorsque passait un garçon !
Grand-père, le patriarche devait à l'aide d'une canne
S'aider à marcher. Il avait ainsi, disait-il, trois pieds.
Il nous entraînait toujours côté potager
Grand mère s'extasiait devant le carré de laitues,
Recherchait les nouveaux légumes, salsifis,
Chicons et autres rutabagas !
A chaque rencontres, grand père soulevait
Avec élégance son canotier.
Je me souviens des mimiques de grand mère,
Suspicieuse de grand père, lorsque nous croisions
Quelques midinette !
De nos accès de pudeur en lui serrant la main.
Quelques cycles; en agitant leur sonnette,
Doublaient notre groupe,
Et nous faisaient marcher à la queue leu leu
Le gravier des allées crissait sous la vitesse !
Nous aimions nous diriger du coté de la roseraie
Et restions béa devant la diversité de couleurs,
De la diversité des plants, de la collection.
Quelques rosiers grimpants, garnissaient à profusion
Les pergolas, donnant aux allées une ombre bienfaisante.
Nos pas nous conduisaient toujours plus loin.
La chaleur accablante donnait à nos corps un bain
Qui nous faisait transpirer, ce qui obligeait mon grand père
A sortir le fameux mouchoir à carreaux de sa poche.
Les enfants en allées et venues faisaient plusieurs fois le chemin.
Bientôt, leur soif intense réclamait une halte,
Que grand père nous pressait de tromper avec herbe
Où oseille mâchée.
Grand mère nous encourageait à persévérer
Jusqu'à la boutique du marchand de glace,
Où les chaises de fer et le banc peint en vert
Accueilleraient nos petits pieds fatigués.
Avant, passons voir le verger disait grand père
Je tiens beaucoup à voir si les greffes de l'an dernier
Ont été réussies.
Mes vieux pommiers ont bien besoin d'être régénérés,
Je dois prendre conseils chez les conservateurs
De l'association des "Croqueurs de pommes".
Quelques vieux cornouillers aux fruits bien rouges
Evoque à grand père qu'il y a bien longtemps
Un sirop pressé de ses fruits faisait le bonheur des enfants.
Au loin des pleurs se font entendre,
Henri vient de tomber dans la bordure de buis.
Tout le monde accourt afin d'atténuer le chagrin.
Instant de calme et de bonheur, nous pouvons enfin
Nous allonger sous le cèdre, géant de ce jardin.
Il fût ramené, me dit grand père
D'une expédition de notre armée au Liban.
Il sait beaucoup de choses, mon grand père !
Il dit que la vie est un bien précieux
Que lorsqu'un papillon bat de l'aile en Colombie
La terre tremble au Japon.
Que le cosmos régit le rythme de nos vies.
Je ne comprenais pas tout ce qu'il disait
J'avais simplement confiance en lui.
Grand père n'est plus là,
Je suis seule, je ne fais plus le repas de gargantua le dimanche.
Mon bonheur est d'aller, lorsque je le peux ,
Passer quelques heures au Parc du Château,
Retrouver les chemins où il me conduisait.
Dans la quiétude de l'endroit,
Je crois entendre, sa voix,
Je ressens sa main sur mon épaule.
Le papillon, sur la rose qui se pose, me dit de ne pas douter.
Il me dit aussi que l'éternité commence ici et maintenant.
Que la théorie de la relativité pose le principe que tout est relatif.
Nous sommes loin des simples !
Sera t-il possible d'interpréter un nouveau modèle de conscience,
Réaliser que l'univers obéit à des lois de beaucoup ignorées.
Les saisons de vie s'égrènent dans les allées du Parc du Château.
S'arrêter un instant, méditer, est un bonheur immense.
Est-il vraiment possible de changer le monde,
Tel le papillon de l'histoire contée par mon grand père ?
Texte ancien... 2005 ! que j'ai plaisir a faire remonter le temps !
Les fêtes de Pâques se passaient ainsi..cela a bien changé.!
Joyeuses Pâques à tous..
M'mamzelle Jeanne