KRISHNAMURTI - DE LA VÉRITÉ .... dernière page.. ..
Dans la tourmente médiatique que sont nos jours, je souhaite partager avec vous la dernière page de ce livre, lu il y a de nombreuses années .. sorti d'un rayon on ne sait pourquoi.. et que voulant le ranger mes yeux sont tombés sur la dernière page..
Cette réponse me semble être bien d'actualité et adaptée aux nombreuses questions.. posées actuellement.
Je serais heureuse d'avoir pu vous intéresser
I. : Certaines personnes font apparemment un choix sélectif: elles retiennent, parmi vos propos, ceux qui coïncident avec leurs problèmes et rejettent les autres.
K. :Que répondre à cela ? Je n'ai pas à m'exprimer à ce sujet. Mais vous, qu'en dites-vous?
Le problème sur lequel nous nous penchons ensemble, c'est l'existence prise dans sa globalité, et non une fraction isolée. L'univers psychologique est immense, il ne se réduit pas à des réactions ou à des réflexes physiques et nerveux à des souvenirs, etc.
Certes tous ces éléments font partie de nos structures psychologiques, mais cela va beaucoup plus loin, beaucoup plus profond. Nous sommes confrontés non seulement à l'univers psychologique, mais à cette violence qui existe partout dans le monde.
Car une formidable violence se manifeste de toute part: on tue pour le plaisir de tuer, on tue pour s'amuser.
La violence n'est pas seulement à la pointe du fusil, elle est aussi dans l'assujettissement, qui détruit ceux qui s'y soumettent. La question est immense.
Mais ne dites pas, à partir d'un simple fragment isolé de mon discours, que je suis antimilitariste.
C'est de l'ensemble du phénomène de la vie que nous nous occupons, pas de fragments épars, comme le font les scientifiques, les médecins et les éducateurs.
Nous nous intéressons à l'existence humaine dans son intégralité. Si vous préférez vous en tenir à des fragments, libre à vous. Il n'y a rien de mal à cela.
Mais nous, c'est l'ensemble de la vie qui nous intéresse, pas seulement la vie particulière de chaque individu, mais aussi celle des êtres humains aux quatre coin du monde. Il existe dans ce monde un pauvreté immense, incommensurable, dont vous ne savez rien, dont vous ignorez l'indignité, les effets corrupteurs.
Et puis il y a tout ce cirque des religions - pardonnez-moi l'expression -, toutes ces stupidités auxquelles elles donnent lieu, qui se résument en un commerce juteux, des défilés de Rols Royce et un activisme forcené.
Nous nous intéressions à l'humanité toute entière.
Nous sommes aussi l'humanité - l'humanité n'est pas là-bas, isolée de nous: nous sommes l'humanité. Nous ne sommes pas britanniques, français, russes: nous sommes d'abord des êtres humains - la nationalité, la profession viennent après
Et bien qu'étant tous des êtres humains, nous nous sommes dissociés les uns des autres, et voilà pourquoi le chaos règne dans le monde.
Certains peuvent dire:"Ce n'est rien d'autre qu'une guerre de plus, au Liban, ou en Extrême Orient, ou en Afghanistan, ou ailleurs, quelle importance ?"
Vous, au contraire vous êtes intimement convaincu de ne faire qu'un avec l'ensemble de l'humanité, car vous souffrez comme les autres souffrent, et comme eux vous versez des larmes. Vous êtes angoissé, vous riez, vous avez mal, exactement comme eux - qu'ils soient riches ou pauvres.
Ils sont corrompus, nous le sommes aussi d'une manière différente.
Ils sont corrompus parce qu'ils veulent de l'argent, de la nourriture, et, pour les obtenir, ils sont prêts à tout et à n'importe quoi.
Nous sommes l'humanité tout entière.
Si vous prenez conscience de cette chose merveilleuse qu'est la vérité, alors vous ne tuerez plus votre prochain, alors cessera toute division entre ce pays-ci et celui-là, alors votre vie ne sera plus la même.
Si vous voulez-vous en tenir à des fragments, allez-y.
Personne ne vous empêche de cueillir ces fragments pour combler vos attentes, qu'elles soient immenses ou modestes.
Mais si l'on reconnaît vraiment, profondément, honnêtement les faits, sans tenir compte de tout le fatras des idéologies, alors on voit ce fait - que nous sommes toute l'humanité, que nous ne faisons tous qu'un - croyants et incroyants, musulmans et hindous, chrétiens et bouddhistes -, nous ne faisons tous qu'un; et nous subissons tous de terribles épreuves.
Voilà pourquoi la quête d'une liberté individuelle, d'un devenir individuel, est en définitive assez puérile !